- DUNHUANG
- DUNHUANGDUNHUANG [TOUEN-HOUANG]Située à la limite du désert de Gobi, dans le Gansu actuel, importante par son rôle militaire et commercial d’avant-poste de l’Empire chinois et par son prestige de centre religieux, célèbre pour ses grottes ornées de peintures murales et de sculptures, Dunhuang est connue des spécialistes par le trésor inestimable que constitue le dépôt de manuscrits médiévaux découvert fortuitement, en 1899, dans une de ces grottes. Deux Européens de grand renom, l’Anglais Aurel Stein et le Français Paul Pelliot, acquirent sur place, en 1907 et en 1908, des lots considérables de manuscrits, de peintures et autres matériaux qui furent déposés à Londres (British Museum et India Office) et à Delhi (peintures presque exclusivement), par le premier, à Paris (Bibliothèque nationale et musée Guimet), par le second. En 1910, le gouvernement chinois fit transférer le reste du trésor à Pékin, non sans quelque perte en cours de route; certains documents furent néanmoins laissés soit dans la grotte, soit aux mains des habitants de la localité. La mission japonaise 牢tani fit encore quelques acquisitions, en 1911; le Russe Oldenburg également, en 1914-1915. Ainsi, l’ensemble du dépôt est dispersé aux quatre coins du monde: à Londres, à Paris, à Pékin, à Ky 拏to et à Leningrad; certains matériaux archéologiques sont conservés à Delhi et quelques manuscrits sont détenus par des collectionneurs et des musées, principalement au Japon et en Chine. L’ensemble des manuscrits compte plus de trente mille pièces; il faut y ajouter une masse de manuscrits tibétains, évaluée à plus d’une tonne, découverte en 1919 dans une grotte voisine, dont la majeure partie semble avoir été laissée à Dunhuang même.La situation excentrique de Dunhuang et son histoire expliquent la grande variété des langues représentées dans la collection. Le chinois y est largement prépondérant. Les textes tibétains viennent en seconde position (la région fut sous domination tibétaine pendant plus d’un demi-siècle, de 781 à 848). Les documents en d’autres langues (sanskrit, ouïghour, sogdien, koutchéen, khotanais) sont relativement peu nombreux, mais il n’en sont pas moins extrêmement précieux.La période couverte par l’ensemble de ces matériaux est très longue: les plus anciens manuscrits chinois remontent à la seconde moitié du IVe siècle, les plus récents sont de la fin du Xe siècle. L’origine et la nature de la collection ne sont pas parfaitement claires. Pelliot croyait qu’il s’agissait d’une cachette où les bibliothèques et les archives des temples voisins avaient été entassées en hâte à l’annonce de l’invasion des Xixia, au début du XIe siècle. Il est évident que la grande majorité des manuscrits proviennent de temples bouddhiques, mais l’hypothèse de Pelliot ne résiste pas à des études plus attentives, conduites surtout par des savants japonais, et qui tendent actuellement à confirmer, en la nuançant, la thèse formulée par Stein, selon laquelle la collection était un dépôt de rebuts sacrés: celle-ci apparaît, en effet, composée en grande partie soit d’archives périmées et de brouillons, soit de textes religieux inutilisables, qu’il était malgré tout délicat de détruire. Ces rebuts sont évidemment très lacunaires, mais cet inconvénient est largement compensé par le fait qu’ils permettent de saisir la vie locale sur le vif, sous tous ses aspects, des plus nobles aux plus triviaux.Quoi qu’il en soit, la découverte de ce dépôt a fourni aux linguistes et aux historiens de l’Asie centrale des matériaux de première importance, elle a fait progresser la sinologie de manière décisive en des domaines aussi variés que le droit, l’économie, la technologie, l’histoire du bouddhisme et celle de la littérature. Dans ce domaine tout particulièrement, les manuscrits ont révélé un genre jusqu’alors inconnu, ou presque, de textes de prédication vulgaire, grâce auquel les données sur les origines de la littérature romanesque se sont trouvées entièrement renouvelées.On a donné, en Chine et au Japon, le nom de «dunhuangologie» (dunhuang xue, tonk 拏 gaku ) au dépouillement et à l’exploitation des manuscrits.Dunhuangv. de Chine, dans la prov. du Gansu; 10 000 hab. à 30 km, 486 grottes (dites "des Mille Bouddhas", Ve-Xe s.) ont été aménagées en monastère.
Encyclopédie Universelle. 2012.